Avant de m'évanouir, je vis la tête de Brian rouler à travers les flammes.
...
J'ai horreur des mauvaises surprises. Je vous le jure. Et ce n'est pas parce qu'elles se multiplient dans ma vie que je m'habitue.
Je me suis réveillé dans une chambre d'hôtel. Je suis vêtu d'un pyjama très classe. Je suis rasé et lavé, confortablement lové dans un lit double, bordé avec soin.
Je m'extirpe en un grommellement irrité.
Une lampe grésillante fait briller un coin de la pièce. Je remarque une caméra, puis mes yeux se tournent vers l'unique fenêtre. Elle est fermée par une grosse chaîne cadenassée.
Il fait beau dehors. On est à Paris, à proximité de la Seine. Je suis au quatrième étage.
Je me tourne vers la porte. Elle est fermée, évidemment.
Une fouille sommaire de la pièce ne me montre qu'une chose: cette chambre est impeccablement tenue. Ah, et je n'ai plus mes vêtements.
Bon. Il ne me reste plus qu'à attendre.
...
Jour 1. Personne n'est venu. La diode de la caméra clignote toujours.
...
Jour 2. Mortel ennui. La nuit a été difficile. Ils ont sûrement mis la clim'. Il faisait froid comme au pôle nord.
La caméra brillait dans le noir.
J'espère ne pas mourir de faim.
...
Jour 4. J'ai maigri.
Par la large fenêtre, je contemple l'effervescence de la capitale. Et moi?
...
Jour 6. J'ai été réveillé au milieu de la nuit par un majordome qui est soit adepte de culturisme, soit bien fourni par la nature. Il n'en reste pas moins extrêmement respectueux.
Il m'emmène dans une salle de restauration à l'intérieur de l'hôtel. Déjà attablé, un homme en costard m'attend. Entre cinquante et soixante ans. Favoris grisonnants. Traces de lunettes des deux côtés du nez. L'embonpoint pointe le bout de son nez derrière sa chemise lacoste.
Amical, il m'invite à s'asseoir en face de lui.
Un serveur surgit de nulle part. Il dépose un rumsteak poivré assorti d'une sauce béarnaise. Il disparaît aussi vite qu'il est arrivé.
Je commence à travailler la viande. Je meurs de faim.
Le vieil homme se présente.
"Je m'appelle Patrick Craques. Je suis politicien et lobbyiste.
Tu es John Doe. Un nom peu courant, même pour un orphelin. Tu es actuellement porté disparu. Tu es ici pour mourir. Que tu le veuilles ou non, on fera croire à ta mort. Ce que tu feras ensuite ne dépend que de toi. Ou bien tu nous aidera à régler cette affaire de Feu Follet et Coquecigrue, ou bien tu seras de nouveau enfermé."
Oh non. Et ça recommence! Les locaux sont plus agréables, cette fois. J'admets.
"Qu'est-ce qui vous fait croire que je vais vous aider bien gentiment?"
Il a fini ses patates et sa viande. Il s'essuie la bouche.
"Avant que tu ne te réveilles, on t'a instillé le virus du SIDA par les veines. Jamais tu ne pourras avoir une vie normale. Pourtant, mon fils, Eric, est prêt à te garantir les médicaments nécessaires et les meilleurs soins, à vie, pour soulager autant que possible ta condition. Ceci, en échange de ton aide. Note que l'on détient Julie et sa fille, que François est de notre côté et nous a déjà procuré les prototypes, et bien sûr, que Brian Cox est mort. Sache maintenant que tu seras libre comme l'air à la seconde où tu seras enterré. Quel que soit ton choix, ..."
"Vous m'avez demandé, monsieur?" dit une voix dans mon dos, interrompant mon interlocuteur.
Daphné de la Marche.
...
POURRITURES!
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