7. Les aveux

"Je suis désolée de la manière dont les choses se sont passées entre nous. J'ai vraiment envie que l'on s'entende bien, alors... tu peux considérer cette lettre comme une confession éperdue. Pitié, ne m'en veux pas pour ce que j'ai fait!

Tu le sais, il y a trois ans environ, je me suis mariée à un ravissant jeune homme qui fait partie d'une riche famille, la dynastie des Craques. Nous nous sommes rencontrés au pied de Notre-Dame. Il a toujours habité à Paris, je venais ici pour visiter. Il a été remarquable. Il m'a fait visiter les tours. Il m'a payé le passage, puis le dîner dans un magnifique restaurant à proximité. La Tour d'Argent, je crois. J'ai pris une assiette exquise à base de canard, sur son conseil, et il a pris la même chose. Ce fut une soirée formidable. L'homme était aimable, intelligent, et très attentionné. Pour couronner le tout, il était plutôt mignon. Un mois plus tard, on se mariait.

Le jour de notre mariage, un homme est venu lui parler. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit, mais ça l'a rendu visiblement nerveux. Le soir même, il a découché. Le lendemain, lorsque je lui ai demandé ce qui s'était passé, il m'a répondu qu'il s'agissait d'un business urgent. Étais-ce en lien avec l'homme que j'avais vu la veille? A peine ais-je posé la question que mon mari a tressailli. Puis il s'est lentement tourné vers moi avant de dire:
"Oublie cet homme. Il est mort."

Depuis, j'ai eu l'occasion de me rendre compte à quel point l'homme auquel j'avais accordé mon amour pouvait faire preuve de duplicité. Il était aussi mystérieux et dangereux qu'il avait paru affable et aimable auparavant. En vérité, c'était un homme colérique qui cachait bien son jeu. Je n'ai jamais su ce qu'il cherchait, bien que je lui ai souvent demandé, mais il avait bel et bien une préoccupation grandissante, il souhaitait obtenir quelque chose de quelqu'un, et était prêt à payer le prix fort. Il avait une puissante organisation derrière lui, mais en dépit des efforts de tous ses agents de l'ombre, il ne parvenait à rien. Cela le rendait fou.

Un beau jour, il (gribouillage). Il m'a frappée et violentée. J'ai divorcé sur-le-champ. J'ai quitté sa spacieuse demeure. Mais, lors de mon dernier voyage pour sortir mes affaires de chez lui, je l'ai surpris en train de parler à un individu de petite taille, avec de grosses lunettes rondes. Il avait en main un document, sur lequel était agrafé une photographie. On distinguait deux feuilles verdâtres. Je suis partie aussi vite que j'ai pu, mais de ce que j'ai pu comprendre, c'était lié à sa mystérieuse quête.

Je me suis ensuite installée chez mes parents. Ils habitaient à proximité de mon lieu de travail. Ils m'ont beaucoup soutenue pour mener à bien le divorce. Ils m'ont ensuite aidée à oublier mon malheureux mariage.

Petit à petit, j'ai réussi à oublier M. Craques. Et, petit à petit, je suis tombée amoureuse d'un autre type, au bureau. Il n'est toujours pas au courant. Je parfumais son bureau. Je le suivais le soir. Je suis même entrée par effraction, une nuit, chez lui, juste pour le voir dormir.

Un soir que je le suivais, je t'ai aperçu. Tu étais poursuivi par des individus masqués dans le bois. Tu courais, tu courais, et tu es rentré dans une prostituée. Elle s'est faite assassiner quelques secondes plus tard. Sous mes yeux. Ensuite, les tueurs se sont dispersés. J'ai couru vers la péripatétitienne, qui m'a indiquée où tu t'étais caché avant de rendre l'âme. Tu étais déjà sorti de ta cachette dans les arbres, cependant. J'ai essayé de suivre ta trace, quand je t'ai entendu hurler. J'ai couru éperdument vers toi. Quand je suis arrivée, tu étais inconscient. Je t'ai libéré et t'ai emmené chez moi. Je ne savais pas trop comment réagir, tu comprends? Étais-tu lié à une affaire malsaine, toi aussi? Comme mon premier mari? Pourquoi étais-tu poursuivi?

Le soir même, quand je suis rentrée du boulot, mes parents m'ont accueilli avec des têtes d'enterrement. Ils avaient commencé à te droguer. Ils m'ont expliqué qu'un homme était venu. Cet individu les avait menacé de mort s'ils ne suivaient pas à la lettre ses instructions. Ils devaient te garder prisonnier à tout prix. Il distribuait lui-même, chaque semaine, la drogue dont on avait besoin pour te maintenir endormi. La mort dans l'âme, j'ai été contrainte de les aider dans cette sinistre besogne.

Un jour, cet individu m'a demandé d'apporter une enveloppe contenant une mèche de tes cheveux à un homme qui viendrait me voir à mon bureau, sous le nom de Serge Tangoli. Cet homme est bel et bien venu, et je me suis rendue compte que je le reconnaissais. Il était de petite taille et portait de grosses lunettes rondes.

Quand j'ai compris que mon ancien mari était impliqué, j'ai couru au centre de police. J'ai affirmé savoir qui t'avais enlevé. Je n'en pouvais plus de toute cette affaire. Alors j'ai dénoncé mes parents. Aussitôt, je suis retournée chez moi, et je t'ai injecté de l'adrénaline. Ça devait te réveiller rapidement. Ensuite, comme si de rien n'était, je suis retournée au boulot. L'homme aux lunettes rondes était parti.

Oui, mes parents sont maintenant en garde à vue. Ils sont peut-être promis à la prison. Mais ce qui compte vraiment, c'est que celui que j'aime soit libre comme l'air.

Tu l'as sans doute déjà compris, mais, bien que tu sois aussi mystérieux que mon premier mari, bien que tu m'aies frappée aussi violemment que lui, je t'aime encore. Tu lui ressembles beaucoup. Mais je ne peux m'empêcher de t'aimer, et de te dire: désolé.

Je ne sais dire où toute cette histoire nous conduira, je ne sais toujours pas quelle est ton implication dans ces sortes de guerres secrètes, mais sois sûr d'une chose: j'ai confiance en toi.

Bonne chance."

Le camion s'est arrêté.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire