Le lendemain, à l'heure dite, l'explosion se produisit.
La silhouette du type se détacha des décombres fumants. A la lueur de sa bougie, j'entrevis un regard sombre, devant lequel dansaient les flammes. Rapidement, il me souffla:
"J'ai laissé une dynamite à retardement qui fera diversion. Dès qu'elle explosera, il n'y aura plus que quatre gardes pour nous escorter. Il faudra les tabasser, et me suivre. Je connais la sortie."
Les cris de nos geôliers nous parvinrent, de plus en plus proches. Les dés en étaient jetés.
Des hommes armés arrivèrent en hurlant. Ils nous rouèrent de coups, puis procédèrent au transfert.
Ils nous emmenaient le long d'un corridor éclairé par des néons vacillants. Il y avait six gardes. A mi-chemin, une déflagration retentit. Comme prévu, deux gardes rebroussèrent chemin afin de savoir de quoi il retournait.
Tout se produisit extrêmement vite. Dans la pénombre, je ne me rendis même pas compte à quel point la chance nous souriait. Notre rébellion fut soudaine, et un garde tomba immédiatement à terre, maté par un uppercut. Je fis mordre la poussière à un autre. Un troisième leva son fusil et tira. Le néon clignota. Le coup manqua l'un d'entre nous. Le dernier garde s'effondra. L'homme qui avait tiré fut rapidement maîtrisé.
Puis ce fut la fuite.
"Suivez-moi!", criait l'un de nos voisins de cellule.
Il avançait savamment le long de ce dédale insondable. Ce n'était pas son premier séjour ici visiblement!
Nous débouchâmes dans un immense tunnel métropolitain. Là, nous fîmes le point.
"Alors, on est trois? D'après mes calculs, il y avait deux prisonniers par cellule."
"Il y a une petite fille avec moi... Attends, où est-elle? C'est pas vrai, elle n'est plus là!"
"Ah, zut, la fillette... Tant pis, on n'aurait pas pu faire grand-chose pour elle de toute manière. Tant qu'on est dans le tunnel, il faut rester ensemble. Ensuite, il faudra se séparer. Mais personne ne doit prévenir la police, d'accord? Il en va de nos vies. Très bien. Je vais mettre une fausse piste dans l'autre sens."
Il déchira l'autre manche de sa chemise et s'en fut la déposer de l'autre côté. Puis nous courûmes. Nous courûmes pendant ce qu'il me parut être un laps de temps interminable.
Enfin, la lumière. la vraie. Il était six heures et demi du matin, et la lune, ravissante, nous accueillit chaleureusement au bout du tunnel.
"Génial", fit mon voisin, haletant et effrayé. "Maintenant il faut se séparer à tout prix. Adieu, et bonne chance."
Chacun partit de son côté, la peur aux tripes. Allaient-ils lancer des recherches? Avaient-ils déjà des tueurs à nos trousses?
Mais quelque chose d'autre me tracassait. Quelque chose qui avait trait avec le type qui m'avait fait évader. Comme un déjà-vu...
Soudain, l'évidence me gifla.
C'était un homme de petite taille, avec de grosses lunettes rondes...
Je sentais le poids des confessions de Julie, contre ma hanche.
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